Ce qui n'est pas nommé

Ce qui n 'est pas nomme d'un s'uol etait avant tout un lieu public, a la fois musee, palais et centre administratif. « Bienvenue, dit Lieng en recevant le bloc irregu– lier aux reflets violaces. Que l'oubli vous delivre. - Que la connaissance se perde }}, repondit Uell en s'inclinant, attendant le cadeau du s'uol. Lieng tendit les bras, paumes tournees vers le ciel, et pronom;a un mot tres ancien, dont 1' usage n' etait pennis qu'en de tres rares circonstances. Ni Laeny, ni aucun des shors presents n'en connaissaient la signifi– cation ; ils savaient seulement que ce mot sous-enten– dait un concept unique, qu'aucun autrn vocable ne pou– vllit ex.primer et que seuls s·uols et siang comprenaient. Uell se figea, une expression inidentifiable defor– mant ses· trllits. II posll ses pllumes sur celles de Lieng. « Je te comprends et je t'assure de moo soutien. II est temps pour nous de dresser notre campement. ~} II rejoignit les nomades et, a leur tete, quitta la ville. Bientot s'erigeraient les grandes tentes blanches, au bord de la muraille en ruine. Les nomades ne revien– draient qu'a la nuit tombee pour participer au repas accompagne de libations donne en l'honneur de la Saala-N'Esoel. Mais la paix qui succedait en temps normal a leur arrivee etait absente. Le mot inconmi lance par Lieng avait trouble les shOrs et fait naitre en eux d'interrni– nables series d'interrogations. Que se passait-il? Quelle etait cette expression apparue sur le visage d'Uell? Pourquoi Lieng n'avait-il pas fait d'offrande? Ce mot oublie constituait-il une offrande? Par bonheur, les shOrs ne pouvaient eprouver ni angoisse, ni inquie– tude, ces concepts etant bannis de leur langage. Ils se contentaient de poser des questions qui, ils le savaient, resteraient sans reponse. 3

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