Ce qui n'est pas nommé

Roland C. Wagner dont la memoire ancestrale s'effa~ait peu a peu avec la disparition des mots devenus inutiles. Puis les condi– tions climatiques avaient change, la vegetation s'etait etiolee - avant de disparaitre. Pas une goutte d' eau n'etait tombee sur le territoire depuis si longtemps que les shOrs n' avaient aucun mot pour designer la pluie. Seul fragment intact de l'ancienne muraille, la porte se dressait au bord du desert, haute comme vingt shors et assez large pour laisser passer deux y'faengs mar– chant de front. La caravane la franchit et entra dans la ville, saluee par les acclamations de la population ras– semblee de part et d' autre de l'unique avenue, au bout de laquelle s'ouvrait le port a l' abandon, avec ses jetees disloquees et ses quais envahis par le sable. Bien qu' elle coupat la ville en deux, cette artere ne constituait en aucune maniere une division, mais sym– bolisait au contraire l'union. Elle avait etc m6nag6e pour permettre aux quin2e cents habitants de Shor-Aen de 11e rfonir lor11 des banquets qui accompagnaient inevitllblement chaque saala. On disposait alorn de tongues tables, mises bout a bout du port a la porte, et les shors se gorgeaient de nourriture et de boisson du crepuscule a l'aube, profitant de Ill relative fraicheur nocturne. Au nord-est de la ville s' elevaient les murs rou– geatres du domaine du s'uol, devant lesque.ls les nomades arreterent leurs montures avant de mettre pied a terre. Le maitre des lieux se tenait sur le perron, vetu de la toge inherente a sa fonction. Uell se dirigea vers lui, porteur d'un bloc d'amethyste.™ s'uol de Shor-Aen, etait grand amateur de mineraux. Il en pos– sedait une splendide collection, que tous et toutes pou– vaient admirer quand bon leur semblait. La demeure 2

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