Ce qui n'est pas nommé

CE QUI N' EST PAS NOMME ROLAND C. WAGNER Voici un nouvel apologue linguistique da.n:1 uoe lit– r~rarure qui s·est beaucoup interrogee sur le lan– gage et ses consequences. Cc qui n'cst pas nomm6 n'ex.i11te pWJ. Tout ce qui est d~plais:rnt devrail dispar:ail:re. Commc dans lit nouvelle prcfoM~nt~, la rMette e!lt !limple ! ii !luffil d'oublicr lcs noms pour quc le deplaiMDt 11'efface. M!li!l qmrnd rennemi, ll force. s·esl ~v:rnoui, ii faur reinventer le monde. Le soleil blanc ecrasait de ses rayons la Mer Inte– rieure et les derniers contreforts montagneux. dont les versants abrupts plongeaient dans l'eau transparente d'une calanque. La ville qui s'y nichait se nommait Shor-Aen - ce qui signifiait, dans le langage local. aussi bien Port de l' Homme que Fente de la Femme ou Vallee Vivante. De la muraille qui l'avait jadis pro– tegee ne subsistaient que quelques pans de murs ero– des, mais cela n'avait guere d'importance car les habi– tants de Shor-Aen n'avaient rien a craindre des etrangers, dont ils ignoraient jusqu' a l'existence ; seuls les nomades pacifiques qui vivaient au fin fond du desert leur rendaient parfois visite, a l' occasion des sept fetes traditionnelles que comptait l' annee. Encore ces ngmades ne pouvaient-ils etre assimiles a des etran– gers, puisqu'ils appartenaient a l'ethnie shOre. 1

RkJQdWJsaXNoZXIy NTc4NTAz