Ce qui n'est pas nommé

Ce qui n 'est pas nomme depuis huit cent vingt ans ; ils ont cesse d'exister des que nous les avons oublies. Ma recente conversation avec Uiill, s'uol actuel du peuple du desert, m 'a per– mis de m'asswer qu'il ignorait le mot Les designant. Nous sommes done en securite. fl ne reste qu 'un point noir. a mon sens impossible a eliminer. Notre civi– li.sation repose sur l 'oubli, sur la perte de la connais– sance et la modification du monde qui en decoule. le suis le demier a conna'itre la vieille langue et Laeny, 1Mn successeur designe, sera le seul de sa generation (} l'apprerulre; mais je suis persuade qu'il Jaudra, a im HWment ou lJ un autre, briser la chnfne des siangs. coupu ce cordon ombilical qui nous rdie - bien Jai– bkmcnt, ii est vrai - a notre passe. L ' ancienne langue dnit etre totalement oubliee ! Jusqu 'ici, nul n I a ose dhruire Les livres, aucun siang ne s 'est risque a mentir a son successeur, a Lui cacher la verite au sujet de la tache qui l' attend. .. Lii reside le danger. Que se passerait-il si les shOrs reap– prenaient les mots perdus, s 'ils redecouvraient les concepts abolis ? Ceux-ci redeviendraient-ils reels ? Les etrangers reappara'itraient-ils ? II a plu dans le desert a cause d'un seul mot. La reponse a ces questions·est evidente. le n 'ai que peu parle avec Lai!ny, mais ii m'est apparu comme un amoureux de la simplicite. Sans doute est-ce lie a son origine - cette ville de ShOr– Aen, qui a des generations d'avance sur ShOr-Siang. Devoir etudier pour prendre mon relais l 'a quelque peu traumatis~ ; ii ne parvient pas, pour le moment, a se faire a cette idee. Pour cette raison - et pour bien d'autres - je .crois qu 'il aura le courage de sauter le pas, de mettrefin au calvaire des siangs. le crois qu'il brlllera les livres et mentira a son successeur. 27

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