Ce qui n'est pas nommé

Roland C. Wagner le crois qu'il achevera ce qui a ete commence voici plus de deux millenaires. Nous voulions nous venger des etrangers et vivre fibres, sans la crainte de voir Les hommes d'arme rava– ger nos terres et saccager nos villes. Mais ils etaient trop nombreux, trop puissants. Nous n'etions pas de taille a Les vaincre. Alors, nous avons decide d 'oublier leur existence - et ils ont disparu... Certes, nous aurions pu restaurer certains concepts, certaines idees qui auraient permis d'ameliorer la vie des shors. .. Aucun siang ne s 'y est risque, car la simpli– fication du langage est irreversible. Imaginons, par exemple, qu 'on reapprenne aux shors ce qu 'est la pluie. /ls ne tarderont pas a se demander d 'ou viennent les nuages, puis s'il ya autre chose au-dela du ShOr-Eneng... Un jour, enfin, ils abou– tiront au concept d'etrangers ! Et ce jour sera celui de la fin des shOrs. C' est ainsi, Laeny. le te legue un probleme en appa– rence insoluble. Si tu as le courage d 'accomplir ce que je n 'ai pu me resoudre a faire, cu seras le dernier slang. Maii5 rappelle-toi toujours que ce qui n 'est pas nomme n 'a aucune existence et que la moindre omis– sion peut avoir des consequences incalculables. Que Les etrangers ne reviennent jamais ! Laeny referma le livre. Son predecesseur s'etait laisse emporter par un reve. II etait encore trop t6t, bien trop tot pour supprimer le rote du siang. En fait, Laeny ne pensait pas que ce filt possible ; toute societe doit evoluer, dans un sens ou dans I' autre. La stagnation perpetuelle est impossible : une fois le bas de la courbe atteint, une fois le langage reduit au strict necessaire, la reaction naturelle serait d'inventer de nouveaux mots, de decouvrir de nouveaux concepts. De les rede- 28

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