Ce qui n'est pas nommé

Ce qui n 'est pas nomme tion de Laeny etait naturelle. Elle disparaitrait. Avec le temps. << Ton role est de veiller sur leur bonheur. » Laeny se retira. Reste seul, le siang se plongea dans ses pensees. II se souvenait de son depart de ShOr-Aen, ii y avait tant d'annees, et de }'initiation qui avait suivi .son arriv6e a Shor-Siang, de ces longues joumees pas– sees a apprendre, a se gorger de connaissances, a effec– tucr le chemin inverse de celui qu' avait suivi son peup1e, 11. remonter le temps... A regresser. enfin - car c'etait bien d'une regression qu'il s'agissait, puisque le concept de progres etait, dans la langue shOre, assi– mile a celui de simplification. Contrairement a ceux qu'ils protegeaient du peril de la connaissance, les siangs n' avaient rien oublie. Ils savaient merne encore dechiffrer I' ancienne ecriture. Dans les livres aux pages en peau de y'faeng s'etalait l'histoire du ShOr-Eneng - cette histoire a laquelle chaque siang ajoutait quelques lignes. Jadis, les shOrs peuplaient la totalite des rivages de la Mer Interieure. Ils avaient developpe une civilisa– tion assez avancee, utilisant la roue, pratiquant !'agri– culture, forgeant le fer et soufilant le verre. Boutres et galeres sillonnaient les flots tiedes, ernportant d'une cite a l'autre d'irnportantes quantites de rnarchandises. De cette epoque ne subsistaient que quelques navires et cette curieuse structure farniliale rendue necessaire par le desequilibre des sexes a la naissance. Un jour etaient apparus les etrangers. Ils ressern– blaient aux shors, rnais I' interfecondation des deux races etait impossible. Irnrnediaternent, ils s' etaient conduits en conquerants, pillant et bn1lant les villes flo– rissantes, rnassacrant les populations. Les shors n' etaient pas precisernent pacifiques - les Etats 23

RkJQdWJsaXNoZXIy NTc4NTAz