Craqueur

Alain le Bussy venance locale mais parfaitement comestibles) l'am– biance etait restee tendue pendant un long moment. Les nautes savaient qu'une longue route les attendait, dont ils passeraient la plupart du temps en hibernation, tan– dis que leurs periodes de veille seraient des plus mornes. Du cote des colons, le depart du navire etait le signe le plus tangible de la rupture avec leur passe ou avec le reste de l'humanite. Ils le savaient des le decollage - qui avait ete une premiere rupture -, ils l'avaient choisi, ils s'y etaient prepares, mais le choc etait pourtant bien la. Etait-ce l' effet de la bonne chere, de la fatigue ou du vin... la detente etait venue. On avait echange des plaisanteries, on avait ri et chante. « Maintenant nous allons vraiment co1m11encer a vivre ! » avait dit quelqu'un. Un autre avait rencheri : « Oui, et a prouver que nous valons bien mieux que ceux qui sont restes en arriere, qui n' ont pas ose par– tir. - C' est vrai, avait dit tm troisieme. Nous allons pouvoir concretiser tous nos reves.. . - .. . et leurs cauchemars, peut-etre » , avait dit tres bas un officier de I' astronef. J ersy devait etre le seul a I' avoir entendu, tout comme la reponse du psy du bord, qui avait eu de nombreux entretiens avec chaque colon pendant les periodes d'eveil: « C'est un risque, meme si nous avons fait tout ce qu'il fallait pour l' eviter. » Ces paroles lui etaient revenues souvent en memoire au fil des mois suivants, et plus souvent encore dans les demiers temps. 5

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