Ce qui n'est pas nommé

Roland C. Wagner Laeny en etait desormais convaincu, Deol personni– fiait a merveille le geang - autrefois le _dialecticien, a present le bavard, avec une puissante coloration pejo– . rative. Laeny n'avait jamais entendu de raisonnement aussi reptilien. «Le sens artistique n'est pas hereditaire. Bien que fils de deongs, tu t' abuses. La simplicite est la clef. » Deol pfilit. II ne trouvait rien a repondre. II voulut se lancer dans une autre de ses phrases aussi embrouillees qu' un echeveau, mais le doute etait entre en lui ; ii balbutia, hesita, tenta de renouer son fil conducteur brise par trop de detours, echoua et, finale– ment, empoigna la carafe de g'nael reservee au vaincu pour la porter a ses levres. II s'e_ngagea dans l'escalier d'un pas incertain. Reste seul, son regard embrassant Shor-Aen, Laeny savoura sa victoire. Deol s'etait lui-meme pris au piege. Il avait cru triompher grace a son bavardage emberli– ficote. qui aurait trouble plus d'un adolescent; mais le langilge shor <Stait d' une telle concision qu' accumulcr mots et concepts sur un ton de ceremonie n.' lllTivll.it qu'a les vider de leur essence. Filce it cvtte ilttitude typique des enfants d'oisifs, Laeny s'etait cantonne dans la simplicit6, sa seulc arrne. 11 s'etait conduit en veritable shOr - d'ou sa vic– toire. Le Shor-Eneng, territoire d'une centiline dv milliers de kilometres carres, etait situe a la pointe du rivage sud de la Mer Interieure. La totalite de Sil surface etilit occupee par le desert ·herisse de montagnes usees et de collines ensablees. A I' epoque ou les shOrs etaient venus s'y installer, de rares buissons et cactus s'accro– chaient encore aux ftancs des vallees ou avaient ete erigees les trois cites, et quelques touffes d'herbe sur- 10

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