Les Miens
tendit la main mais il ne parvint qu'it effieurer la peau bril– lante. 11 se retrouva juste apres immerge dans Jes profondeurs, sans qu'il silt comment, simplement par la magie du reve. Ses poumons etaient gorges de liquide nitreux mais ii n'en respi– rait pas mains. Une lumiere venue des abysses l'eclairait, comme si le soleil eut ete plonge dans Jes profondeurs. Le la– mantin nageait a ses cotes. Dans son element, la balourdise de I'animal n'existait pas. Eric admira !es mouvements fluides, la lente ondulation de la queue qui d'un fremissement modifiait la trajectoire. Ils descendirent vers le fond, vers la lumiere ir– ra.diante. Ce monde grouillait de vie, d'etres aux membranes translucides tourbillonnant en banes gigantesques, comme un ballet surrealiste. Des animaux plus gros qu'Eric surgissaient de l'obscurite pour happer ce fretin par centaines. Leur corps elance et souple etait d'un blanc eclatant. Le lamantin l'entra!na plus profond, et it mesure qu'ils descendaient la lumiere augmenta en intensite. Des vers longs comine une maison nagtVaient avec gr§.ce. De curieux poissons sans ~cailles danserent autour de ses pieds. II vit des creatures a la peau lisse comme la soie, d'autres couvertes d'excroissances rugueuses. Certaines etaient plus petites que son pouce, d'autres auraient pu ecraser Eric comme une mouche. La vie multiforme paradait devant ses yeux, noyee dans la lumiere blafarde du soleil des profondeurs. Soudain Jes lamantins furent tout autour de Jui, leur tete sans yeux le considerant placidement. Combien etaient-ils? Cinquante, peut-etre. Sans doute davantage. Tis evoluaient en revolutions lentes dont ii etait le centre. Les lamantins etaient la plus belle chose qu'Eric eut jamais vue. II sentit Jes larmes lui venir aux yeux, pour immediatement se diluer dans l'ocean. II ecarta les bras, puis les jambes, ouvrit les mains. Les animaux se rapprocherent. II ferma Jes paupieres. Quelque chose frOla ses membres. Puis une paire de m§.choires se re– ferma, arrachant l'extremite d'un doigt. Non! pensa Eric. Son corps ne lui obeissait plus. D'autres creatures s'C1.ttaquerent a ses pieds, empor(ant des lambeaux de chair. Soudain sa main gauche fut emportee, sectionnee au poignet. La douleur etait 23
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