Les Miens

manda si un jour elle le traiterait d'assassin. Ceia ne mettrait pas longtemps a venir, devina-t-il. Pouvait-on encore les sauver? Depuis une semaine, son esprit analysait cette question. Une semaine, c'etait le temps de reflexion que lui avait accorde Lens. Passe ce delai, ii deci– derait s 'ii retournerait au laboratoire pour y poursuivre le tra– vail ou pour y recuperer ses effets personnels. Cela pouvait paraitre court, mais ii savait qu'un delai plus long n'efit pas change grand-chose au probleme : ii Jui fallait choisir entre deux trahisons. «Nita... » Elle se retourna, delaissant la vaisselle sale. Un reste de coJere froide soulignait ses traits enfantins. « Approche, s'il teplait » Elle fit un pas, mefiimte, puis s'arreta. ' « Je...je voulais te dire... » Mais les mots ne venaient pas. La tristesse et la fatigt}e patiemment accumuJees dans le corps d'Eric deferlerent soudain, comme si le niveau critique etait atteint, que Jes digul's mentales qu'il avait erigees ve– naient d'etre submerge~s. Ses yeux se mirent a briller a cause des larrnes qui y naissaient Nita fut prise au cjepourvu : ce sont Jes enfants qui pleurent, pas les adultes, ils n'en ont pas le droit. Puis I'emotion la gag~a a son tour. Les larmes monte– rent du plus profond de son ventre. Elle s'abandonna. Une plainte comme un cri etoutfe sortit de sa bouche. Alors Eric l'attira a lui et la serra fort contre sa poitrine. II embrassa ses cheveux, chuchotant : « TQUt va bien, tout va bien. » Leurs pleurs se melaient sur Jes joues de l'enfant. Eric aimait sa fille d'un amour infini, voila tout ce qu'il savait a cet instant. Cette certitude brillait d'uh eclat aveuglant dans chaque npcoin de son espfit. La surface de J'eau tressaillit de fa9on imperceptible. Elle eclata en mille bulles colorees accompagnees d'un cla– quement sonore lorsque le lamantiri lfl. traversa d'un bond. Eric 22