Les Miens

«II n'y a qu'une Nouvelle Terre, et c'est ici. D'autres itontjusqu'au bout? Nous ne le savons pas, et nous ne le sau– rons jamais. Nous sornmes seuls, et nous avons une mission a remplir. Donnez-vous a fond pour que l'on respecte le pro– gramme. Montrez-vous a Ia hauteur de vo~ responsabilites. Faites ce R_ui est juste. » j:lric ne dit rien mais fit quelques pas jusqu'a la grande cloison vitree. En contrebas, il voyait des silhouettes mala– droites, alourdies par le poids de leur e9uipement, deambuler dans l'ombre du dome principal. « Aidez-moi, Eric», dit doucement Lens apres avoir pla– ce une main sur son epaule. « Aidez-moi a leur offrir un avenir. » Eric se tut pendant le repas, observant d'un regard absent ses aliments tenir en equilibre sur sa fourchette avant de les tnettre dans sa bouche et de miicher avec autant de plaisir que s'il s'agissait de residus plastiques. Que fait-on, lorsqu'il n'y a pas de choix possible? se demanda-t-il, tandis que Nita debarrassait la table. Bien que cela lui en cofitait, ii devait reconnaitre que Lens avait raison : ils ne pouvaient compter que sur eux-mernes. II etait inutile de considerer l'existence d'autres colonies ailleurs dans la gar laxie. Les distances cosmiques reduisaient a neant tout espoir de contact. Ce jour-IA, a son retour de la plage, Nita s'etait evanouie dans le sas d'entree. Elle avail repris conscience quelques se– condes plus tard dans les bras de son pere. Apres avoir verifie son equipement, Eric avail constate que sa fille avait delibe– rernent pasSe outre les indications des reserves d'air pour pro– longer son expedition. II l'avait alors menacee de lui interdire ses visites a la plage, et ii s'en etait suivi une violente dispute. Nita avait eu pour Jui des mots qu'il preferait oublier. Pourtant, Eric n'Eitait pas surpris. Les larnantins decrepis– saient devant les yeux de sa fille. Elle !es aimait comme des freres mais etait impuissante a les aider. Pire que ~a, songea Eric, son propre pere etait responsable de leur mort. II se de- 21