Les Miens

etres humains sont faits pour vivre a la surface de la Terre, et pas uniquemerlt pour y voler quelques instants. « Je vais vous dire ce qui se Passera si nous arretons tout. Au debut, tout continuera le mieux du monde. Notre popula– tion pourra meme s'accroitre. Puis, un jour, nous commence– rons a decliner. Dans un ou deux siecles, peut-Stre moins. La maladie, les conflits, I'ennui. .. ou tout a la fois. Notre colonie n'a pas d'avenir si nous ne faisons rien et vous le savez. » Eric caressa son alliance, le regard dans le vide. I1 ne se ber9ait pas d'illusions: !'analyse de Lens etait yorrecte. Stop– per l'acclirnatation, c'etait cqndamner le futur des hommes sur Nouvelle Terre. Pourtant, il se refusait a imaginer ce que con– tinuer impliquerait. « Je vais vous faire un aveu, dit Lehs. Je crois que vous et VOS sympathisants etes capables de gagner. Rien que ces dernieres semaines, j'ai vu grandir l'indecision au sein mf:me du conseil. Quant a la cite... Le vent toume vite et Jes parti– sans de l'immobilite sont toujours plus nombreux. - Mes sympathisarits? Mais je n'ai rien de1m:a.nQe a per– sonne ... - Pourtant i1s sont Iii, et par votre faute. Que vous le vou– liez ou non, un processus s'est enclenche. La colonie vit une menace sans precedent. Cette menace, Eric, c'est que nous-- 1 'abandonnions, que nous cessions de croire en elle et en notre avenir. Si cela se protj.uit. .. alors tout est fini. » Lens fit une pa.use, puis : « T'out cela me fait peur. Bi~n plus que vous ne pourriez !'imaginer.» Lens avait atteint l'autre cote de la table et revenait vers Eric en le fixant de ses yeux froids. Eric frissonna, mais ii fit disparaitre son trouble en se concentrant sur l'image de sa femme et de sa fille. II dit d'une voix calme: «II y a d'autres vaisseaux arches. D\~s milliers d'autres. De nornb~euses Nou– velles Terres existent sans doute a travers l'espace. Certains iront jusqu'au bout. Nous continAerons ailleurs. » Lens frappa la table du plat de la main, ce qui fit sursau– ter Eric. 20