Les Miens

!es degats. Les hululements des lamantins resonnaient dans la nuit comme un chant funebre. « Yous Jes entendez ? Yous Jes entendez ? » insistait Nita. Deux jours et deux nuits durant, ils l'avaient aid~e de leur mieux a traverser c:ette tempete. Ils en etaient sortis eux-memes epuises. Avec le temps, la fillette s'etait calmee. Elle semblait vide, comme si toute& ses emotions s'etaient consumees. A l'interieur de la maison, elle dressait l'oreille pour entendre des voix qu'elle etait seule a percevoir. Elle hochait la tete, Pl!-is reprenait ses activites. Un soir, Eric s'etait inquiete de ne pas la trouver a la maison; ii avait rapidement decouvert qu'elle etait sortie avec son materiel respiratoire. II etait monte dans son vehicule et avais pris sans hesitation le chemin qui menait a la plage. La scene qui l'attendait Jui avait coupe le souffie. Sa fille se tenait au milieu d'un cercle forme par Jes lamantins. Ils sif– f!aient et hululaient sur un mode mineur dont la tonalite evo– luait avec harmonie. Nita s'Ctait retournee et lui avait souri. Les lamantins, c!audiquant avec maladresse, s'etaient ecartes pour Jui per– mettre de la rejoindre. Au cceur de la nuit, eclaire par Jes Iu– mieres diffuses et lointaines des dOmes, au milieu de ces ani– maux si differents de tout ce qu'il avait connu sur Terre, Eric se sentait perdre pied et glisser dans l'irrealite. Aujourd'hui encore, ces instants demeuraient nets et pre– cis dans la memoire d'Eric. « Tu feras quelque chose pour eux ? » lui avail demande Nita cette nuit-la. Eric, incapable de dire un mot, s'etait contente de hocher Ia tete. La v9ix de Lens resonna dans la salle et ramena Eric a la realite : « sllence, je YOUS prie ! )) II avait hausse le ton. Les murmures s'eteignirent rapidement. Eric parla: il raconta son experience des derniers mois et ce qui etait arrive a sa fille sans omettre !es details. II expliqua ce qu'il avail ressenti, cette nuit-li, au n1ilieu des lamantins. 17