Les Miens

trente pascals. En si peu d'annees, c'est un resultat admirable. C'est aussi bien trop peu pour qu'un etre humain puisse respi– rer. » Les membres du consei1 avaient les yeux braques sur lui, ecoutant dans un silence que seul perturbait le chuintement du climatiseur. Jl but une gorge<; d'eau puis reprit: « C'est bien peu pour nous, disais-je. Mai:::; pour un monde qui, avant notre arrivee, etait totalement anoxique, c'est gigantesque. » Dans l 'histoire de l'ancienne terre, I'augmentation du taux d'oxygene a tout bouleverse. Des organisn1es capables d'utiliser cette molecule sont apparus. Quant aux autres, ceux qui ne survivaient pas aux nouvelles conditions, ils ont ete confines dans les grandes profondeurs, ou ont disparu. - OU voulez-vous en venir ? demanda Lens. - C'est precisement ce qui est sur le point de se produire sur Nouvelle Terre. Les especes locales sont confrontees au changement le plus radical qui soit. Rien ne nous dit qu'elles sauront s'adapter. » Alec Lens sortit un papier dactylograpliie de son dossier et lut : « "La transition d'une atmosphere strictement reduc– trice a une atmosphere oxydante aura vrai~emblablement pour cause !'extinction de la majorite - dans le pire des cas, de !'ensemble - des especes indigenes. Aussi regrettable que soit ce constat, aucune alternative raisonnable permettant d'atteindre les objectifS n'a pu etre proposee." Vbus recon– naissez ces lignes, monsieur Host? » Eric jura interieurement. Bien sU.r qu'il les reconnaissait. « Ce sont vos propres mots, monsieur Host. Ils provien– nent du premier rapport que vous avez redige a !'attention de ce comite. Nous ne pouvons que souscrire a vos observations. La disparition des especes indigenes est certes penible, mais quelle alternative avons-nous ? ~ Je n'ai pas oublie ce que j'ai ecrit. Mais une chose a change depuis. J'ignorais a l'epdque que sur cette planete des etres possedaient un niveau de conscience eleve. Peut-etre aussi eleve que le n6tre. » Un murmure parcourut l'assemblee. 14