Les Miens

Le cadavre du lamantin fut charge sur un vehicule et transporte au centre de recherche, olr Eric denpnda a assister it la dissection. Kris Olson, qui nettoyait avec soin ses longues mains blanches, le considera d'un reil amuse: « Pourquoi pas? Yous pouvez m'assister si vous le desi– re,z. Enfilez une blouse et des gants. » Le cadavre du lamantin reposait sur une longue table me– tallique au centre de la piece. II etait couch<! sur le dos, ses pattes-nageoires pendant mollement sur Jes cotes. Sa peau, de– barrassee de son eclat, etait recouverte d'une pellicule stJin– tante. Olson incisa le derme un peu en dessous du cou, et des– cendit jpsqu'a Ia base de la queue. Un liquide clair ·coula abondamment Ia oil les chairs s'ouvraient. Eric s'approcha de la table d'operation et aida Olson a ecarter !es tissus extemes. II avail lu !es comptes-rendus precedents du medecin, mais c'etait autre chose de decouvrir le spectacle par lui-me)lle. Les lamantins n'avaient pas de cage thoracique. Jls ne possedaient en realite ni structure osseuse, ni cartilage. Olson degagea certains des muscles ventraux, puis indiqua it Eric le reseau dense de vaisseaux qui rappelait Je systeme circulatoire humain,, se ramifiant pour irriguer chaque recoin du corps. Lars d'une plongee, ce systeme se remplissait integralement d)eau salee. Les vaisseaux les plus larges etaient s~pares par des c}apets Eitanches qui s'oUVTaient OU Se fermaient a_ volontEi. L'hypothese de Kris Olson etait que ces compartiments for– maient un hydrosquelette supportant !es muscles. Dans la partie posterieure de l'animal, ils degagerent une longue poche ventrale, qu'Ol~on presenta comme etant un pseudo-intestin. En revanche, ii n'y avait nulle trace d'un autre organe qu'il pUt reconnaltre : ni cceur, ni reins, ni foie, ni poumons. Erle designa une serie de bourrelets blanchiitres qui cou– raient le long du corps. « Ce sont !es ganglions nerveux ? ~ On peut Jes appeler ainsi, oui. lls sont relies it ce qui s'apparente au systeme nerveux central. » 9